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mardi 31 juillet 2012


Le Mont Saint-Michel,
l'immensité d'un monument
Edouardo SENETA

Le Mont Saint-Michel est un lieu intemporel et mystique, cette commune est située dans le département de la Manche et de la région Basse-Normandie. Bon nombre d’histoires et de légendes contribuent et entretiennent la grandeur de cet îlot rocheux où s’élève une abbaye consacré à Saint-Michel.

Le Mont Saint-Michel fut un monument convoité par les bretons et les normands. En 867, le traité de Compiègne attribua l’Avranchin (Avranche et le Mont Saint-Michel) à la Bretagne, c’était le début de la période « bretonne » du Mont Saint-Michel. C’est Guillaume 1er de Normandie en 933 qui récupéra l’Avranchin aux bretons, en 1009 la frontière sud fut déplacée jusqu’au Couesnon, fleuve côtier dont l’embouchure marqua pendant des siècles la limite officielle entre la Normandie et la Bretagne. Un proverbe breton dit : « Le Couesnon dans sa folie a mis le Mont en Normandie, mais quand il reprendra raison, le Mont redeviendra breton ».

Le côté magique de cet îlot rocheux sera tout de même épargné par cette guerre fratricide pour s’octroyer l’exclusivité du site, le Mont Saint-Michel symbolise le combat entre deux forces, la lumière et l’obscurité, la dualité du bien et du mal.

Le temps n’a plus d’importance
C’est certes un lieu de pèlerinage, le Mont est un symbole religieux pour les catholiques, mais à la nuit tombée, lorsque vous arpentez ses rues pavées et sombres, vous n’êtes pas touchés par le symbole christique, non ! Ce qui vous frappe, c’est la plénitude du Mont Saint-Michel la nuit, loin des tumultes de la ville, déserté de tous les visiteurs et curieux de la journée, le Mont s’impose et devient un lieu de méditation, où le temps n’a plus d’importance, vous êtes dans l’instant présent.

Je ne suis pas religieux et je peine à croire en un dieu, le Mont Saint-Michel n’est pas destiné qu’aux pèlerins, il fait partie de ces merveilles du monde qu’il faut voir au moins une fois dans sa vie et comme dit Victor Hugo : « Le Mont Saint-Michel apparaît comme une chose sublime, une pyramide merveilleuse. »

Vincent TURBAN

 Gare de Bologne, 2 août 1980
Autopsie d’un massacre

L’un des attentats les plus sanglant du XXème siècle eut lieu en Italie, durant l’une des périodes les plus sombres de l’histoire contemporaine de ce pays, les Années de Plomb. Toute une suite d’évènements eurent lieu, dans des tentatives de déstabilisation du pouvoir de la démocratie italienne (attentat de la Piazza Fontana en 1969, enlèvement et assassinat du Président du Conseil Aldo Moro en 1978) mais le massacre de Bologne est le point d’orgue de l’horreur car des civils innocents payèrent de leur vie pour des desseins politiques.

Voici la chronologie des évènements…

En ce 2 août 1980, le ciel est au beau fixe, une atmosphère de vacances flotte à la gare de Bologne, plaque tournante du trafic ferroviaire pour les villégiatures sur la riviera Adriatique. En effet, les vacances débutent dans la péninsule italienne. Dans ce climat d’insouciance, personne ne se doute qu’un drame terrible va se dérouler. Dans la salle d’attente des 2e classe, une valise contenant un engin explosif composé de TNT, de T4 et de Compound B est placé sous une banquette sans que personne ne s’en aperçoive.

À 10h25, une violente déflagration secoue le bâtiment et détruit pratiquement tout l’édifice, le toit s’est effondré, et le train Ancona-Chiasso-Bâle qui attendait à quai est soufflé et partiellement détruit à cause de l’onde de choc.

En un instant, tout bascule dans le sordide, les survivants et les blessés plus ou moins graves, victimes d’éclats de verre et autres s’extraient tant bien que mal des décombres fumantes, la panique s’installe et un silence de plomb recouvre la station de Bologne.


Aux premières nouvelles, l’explosion serait due à l’explosion d’une chaudière. Les pompiers et les ambulances se dépêchent sur le lieu du carnage, des civils aident les secouristes à repérer et à sauver des vies au milieu d’un enchevêtrement de gravats et de tôles tordues.

Quelques heures après, un premier communiqué téléphonique anonyme, suivi d’un second est diffusé, l’attentat est revendiqué par les NAR (Nuclei Armati Rivoluzionari ou Noyaux Armés Révolutionnaires), groupuscule terroriste d’obédience néo-fasciste, actif depuis octobre 1977, ayant des connexions avec La Bande De La Magliana, financé par des hold-up et fondé par Valerio Fioravanti ex jeune espoir du cinéma italien. On apprendra par la suite que les Brigades Rouges ont aidé financièrement les NAR pour préparer l’attentat.

Dès lors, l’enquête s’oriente vers la piste la plus plausible (l’explosion accidentelle est très vite abandonnée car des débris d’explosifs sont retrouvés dans les décombres), celle du terrorisme noir et des milieux d’extrême droite, et le 26 août 1980 le Procureur de Bologne délivre environ une vingtaine de mandats d’arrêts à l’encontre des militants des NAR, parmi lesquels figurent Roberto Fiore et Massimo Morsello.

1981, 1 an après les faits, Le général Pietro Musumeci, n°2 du SISMI (Servizio per le informazioni e la sicurezza militare) ancien nom des services secrets militaires italiens, est accusé de falsification de preuves pour avoir chargé à tort 2 leaders d’extrême droite appartenant au groupe Terza Posizione, alors en exil en Angleterre Gabriele Adinolfi et Roberto Fiore. Le dossier restera ouvert pendant 15 ans, grâce à la persévérance des familles des victimes, ce qui permettra au procès d’aller à son terme.


 

Le 23 novembre 1995, les sentences prononcées par la cour de cassation de Bologne sont les suivantes :

- Condamnation à perpétuité pour les exécuteurs de l’attentat (Valerio Fioravanti et Francesca Mambro qui continuent à clamer leur innocence) mais situation ubuesque, Fioravanti est libre depuis avril 2009 et Mambro, actuellement en liberté conditionnelle, sera libre fin 2013.

- Condamnation pour obstruction à l’enquête pour Licio Gelli (grand chef de la loge maçonnique P2), Francesco Pazienza, Pietro Musumeci et Giuseppe Belmonte du SISMI.

Notons que de nouvelles peines sont instaurées par la Cour d’assises de Bologne en juin 2000 :

- 9 ans de prison pour Massimo Carminati « Er Nazista » (militant des NAR et allié de la Bande De La Magliana). Ce dernier est en cavale après s’être échappé du dépôt du Tribunal de Rome en 1999.

- 4 ans et demi pour Federigo Mannuci Benincasa et Ivano Bongiovanni.

 

mardi 3 juillet 2012


Wattstax, le Woodstock noir ou la fierté du peuple afro-américain

Vincent Turban

À la suite de l’arrestation de 3 membres d’une même famille par la California Highway Patrol pour conduite dangereuse, des émeutes urbaines éclatent dans le quartier de Watts à Los Angeles, le 11 Août 1965. En 5 jours de violence on dénombre 34 morts, 1100 blessés, 4000 arrestations, 977 édifices détruits ainsi qu’une facture de 35  millions de dollars de dégâts.


 Le 20 Août 1972, 100 000 personnes viennent commémorer le 7ème anniversaire de ces émeutes au sein du Los Angeles Coliseum. Flash-back sur cet événement musical unique immortalisé sur pellicule par le réalisateur Mel Stuart.


Les origines du festival


Organisé par le label Stax Records, Wattstax est une retranscription de témoignages  des habitants du quartier de Watts suite aux évènements de 1965, dont ils furent les témoins directs. Pendant 6 heures et ce dans une ambiance bon enfant, la crème de la musique soul et funk de Memphis défile sur scène. Ainsi des noms comme Rufus Thomas, the Bar-Kays, le bluesman Albert King ou Isaac Hayes (sa prestation est le paroxysme de ce festival) délivrent des concerts d’anthologie.

 
Autre moment de légende, l’intervention du Révérend Jesse Jackson qui délivra un discours militant, haranguant la foule et arrivant  à  faire lever
100 000 spectateurs pour réciter la Litanie Black le poing en l’air, signe de ralliement du Black Power.
Parallèlement aux passages musicaux, ce documentaire met en lumière la communauté afro-américaine du ghetto de Watts au travers de témoignages sur les attentes, les angoisses et le futur en cette année 1972. On dénote au cours de ces interventions que la situation en l’espace de 40 ans n’a pas spécialement changé au sein de la Communauté, au pays de l’Oncle Sam. La paupérisation, la ségrégation sont  le pain quotidien des afro-américains même si Barack Obama est au pouvoir.

Notons aussi les interventions hilarantes du comique Richard Pryor qui tourne en dérision des situations vécues, ainsi que la première apparition du comédien Ted Lange (Le barman Isaac Washington de la série La Croisière s’amuse)

Sorti en 1973, Wattstax est un documentaire à voir ou à  découvrir pour comprendre toute la quintessence et toute la puissance de la culture afro- américaine des années 60-70. Un seul bémol cependant, les extraits musicaux de bonne qualité certes mais tronqués. Il aurait été préférable de les laisser dans leur intégralité au moment du montage.