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mardi 31 juillet 2012


Vincent TURBAN

 Gare de Bologne, 2 août 1980
Autopsie d’un massacre

L’un des attentats les plus sanglant du XXème siècle eut lieu en Italie, durant l’une des périodes les plus sombres de l’histoire contemporaine de ce pays, les Années de Plomb. Toute une suite d’évènements eurent lieu, dans des tentatives de déstabilisation du pouvoir de la démocratie italienne (attentat de la Piazza Fontana en 1969, enlèvement et assassinat du Président du Conseil Aldo Moro en 1978) mais le massacre de Bologne est le point d’orgue de l’horreur car des civils innocents payèrent de leur vie pour des desseins politiques.

Voici la chronologie des évènements…

En ce 2 août 1980, le ciel est au beau fixe, une atmosphère de vacances flotte à la gare de Bologne, plaque tournante du trafic ferroviaire pour les villégiatures sur la riviera Adriatique. En effet, les vacances débutent dans la péninsule italienne. Dans ce climat d’insouciance, personne ne se doute qu’un drame terrible va se dérouler. Dans la salle d’attente des 2e classe, une valise contenant un engin explosif composé de TNT, de T4 et de Compound B est placé sous une banquette sans que personne ne s’en aperçoive.

À 10h25, une violente déflagration secoue le bâtiment et détruit pratiquement tout l’édifice, le toit s’est effondré, et le train Ancona-Chiasso-Bâle qui attendait à quai est soufflé et partiellement détruit à cause de l’onde de choc.

En un instant, tout bascule dans le sordide, les survivants et les blessés plus ou moins graves, victimes d’éclats de verre et autres s’extraient tant bien que mal des décombres fumantes, la panique s’installe et un silence de plomb recouvre la station de Bologne.


Aux premières nouvelles, l’explosion serait due à l’explosion d’une chaudière. Les pompiers et les ambulances se dépêchent sur le lieu du carnage, des civils aident les secouristes à repérer et à sauver des vies au milieu d’un enchevêtrement de gravats et de tôles tordues.

Quelques heures après, un premier communiqué téléphonique anonyme, suivi d’un second est diffusé, l’attentat est revendiqué par les NAR (Nuclei Armati Rivoluzionari ou Noyaux Armés Révolutionnaires), groupuscule terroriste d’obédience néo-fasciste, actif depuis octobre 1977, ayant des connexions avec La Bande De La Magliana, financé par des hold-up et fondé par Valerio Fioravanti ex jeune espoir du cinéma italien. On apprendra par la suite que les Brigades Rouges ont aidé financièrement les NAR pour préparer l’attentat.

Dès lors, l’enquête s’oriente vers la piste la plus plausible (l’explosion accidentelle est très vite abandonnée car des débris d’explosifs sont retrouvés dans les décombres), celle du terrorisme noir et des milieux d’extrême droite, et le 26 août 1980 le Procureur de Bologne délivre environ une vingtaine de mandats d’arrêts à l’encontre des militants des NAR, parmi lesquels figurent Roberto Fiore et Massimo Morsello.

1981, 1 an après les faits, Le général Pietro Musumeci, n°2 du SISMI (Servizio per le informazioni e la sicurezza militare) ancien nom des services secrets militaires italiens, est accusé de falsification de preuves pour avoir chargé à tort 2 leaders d’extrême droite appartenant au groupe Terza Posizione, alors en exil en Angleterre Gabriele Adinolfi et Roberto Fiore. Le dossier restera ouvert pendant 15 ans, grâce à la persévérance des familles des victimes, ce qui permettra au procès d’aller à son terme.


 

Le 23 novembre 1995, les sentences prononcées par la cour de cassation de Bologne sont les suivantes :

- Condamnation à perpétuité pour les exécuteurs de l’attentat (Valerio Fioravanti et Francesca Mambro qui continuent à clamer leur innocence) mais situation ubuesque, Fioravanti est libre depuis avril 2009 et Mambro, actuellement en liberté conditionnelle, sera libre fin 2013.

- Condamnation pour obstruction à l’enquête pour Licio Gelli (grand chef de la loge maçonnique P2), Francesco Pazienza, Pietro Musumeci et Giuseppe Belmonte du SISMI.

Notons que de nouvelles peines sont instaurées par la Cour d’assises de Bologne en juin 2000 :

- 9 ans de prison pour Massimo Carminati « Er Nazista » (militant des NAR et allié de la Bande De La Magliana). Ce dernier est en cavale après s’être échappé du dépôt du Tribunal de Rome en 1999.

- 4 ans et demi pour Federigo Mannuci Benincasa et Ivano Bongiovanni.

 

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