Wattstax, le Woodstock
noir ou la fierté du peuple afro-américain
Vincent
Turban
À la suite de l’arrestation de 3 membres
d’une même famille par la California Highway Patrol pour conduite dangereuse,
des émeutes urbaines éclatent dans le quartier de Watts à Los Angeles, le 11
Août 1965. En 5 jours de violence on dénombre 34 morts, 1100 blessés, 4000
arrestations, 977 édifices détruits ainsi qu’une facture de 35 millions de dollars de dégâts.
Organisé par le label Stax Records,
Wattstax est une retranscription de témoignages des habitants du quartier de Watts suite aux
évènements de 1965, dont ils furent les témoins directs. Pendant 6 heures et ce
dans une ambiance bon enfant, la crème de la musique soul et funk de Memphis
défile sur scène. Ainsi des noms comme Rufus Thomas, the Bar-Kays, le bluesman
Albert King ou Isaac Hayes (sa prestation est le paroxysme de ce festival)
délivrent des concerts d’anthologie.
Autre moment de légende, l’intervention
du Révérend Jesse Jackson qui délivra un discours militant, haranguant la foule
et arrivant à faire lever
100 000 spectateurs pour réciter la
Litanie Black le poing en l’air, signe de ralliement du Black Power.
Parallèlement aux passages musicaux, ce
documentaire met en lumière la communauté afro-américaine du ghetto de Watts au
travers de témoignages sur les attentes, les angoisses et le futur en cette
année 1972. On dénote au cours de ces interventions que la situation en
l’espace de 40 ans n’a pas spécialement changé au sein de la Communauté, au
pays de l’Oncle Sam. La paupérisation, la ségrégation sont le pain quotidien des afro-américains même si
Barack Obama est au pouvoir.
Notons aussi les interventions
hilarantes du comique Richard Pryor qui tourne en dérision des situations
vécues, ainsi que la première apparition du comédien Ted Lange (Le barman Isaac
Washington de la série La Croisière s’amuse)
Sorti en 1973, Wattstax est un
documentaire à voir ou à découvrir pour
comprendre toute la quintessence et toute la puissance de la culture afro- américaine
des années 60-70. Un seul bémol cependant, les extraits musicaux de bonne
qualité certes mais tronqués. Il aurait été préférable de les laisser dans leur
intégralité au moment du montage.


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