Un
candidat républicain aux élections américaines de 2012 de religion mormone, qu'en
penser?
Marc André Dubois
L'Eglise
de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours appelée secte des Mormons (dénomination
de crainte de fin du monde), s'insère dans les mouvements millénaristes ou
sociaux du dix-neuvième siècle, européens, américains, amérindiens.
Le chaman algonquin anticolonialiste Tecumseh (1768-1813), shawnee de
l'Ohio, mort en 1813 en combattant les Etats-Unis naissants, nous l'illustre.
Un
paradoxe éclaire ceci : avant de migrer dès 1847 vers l'ouest et les Rocheuses,
en charrettes à bras et chariots, en passant le Missouri gelé vers leur future
cité sainte de Salt-Lake City, Utah, ces sectaires ont résidé, dès 1840, à
Nauvoo, Illinois. En 1849 leur succéderont, après l’incendie en 1848, par
hostilité locale du temple mormon dans
ce site du bassin du Mississipi, les émigrants présocialistes français (fouriéristes
ou saint-simoniens) de l'utopiste écrivain hexagonal Etienne Cabet, pour créer le
second essai aux USA de vie de groupe communisant dit (!) d'Icarie (du nom du
héros antique volant ). Cette tentative européenne durera un peu là et
s'étiolera ensuite dans d'autre sites. Elle inspirera d'autres modèles
socialistes utopiques dont les milieux libres et communautaires libertaires
français avant ceux des hippies (où je ne peux m'empêcher de trouver des traits
amérindiens), ou des communautés dites intentionnelles au Québec (éco quartier,
éco habitat, coopérative d'habitation, cohabitât, commune rurale, communautés
religieuses modernes). Elle avait suivi d'autres tentatives identiques en
Europe (les phalanstères ouvriers et usines modèles, un exemple ultérieur existant
encore en musée à Guise en France). Moralité, la religion représente ainsi plus
de force que les idéologies, en bien ou en mal.
Cette nouvelle secte de
tendance chrétienne, sans y être incluse, fut fondée par Joseph Smith
(1805-1844), américain d’origine anglaise, issu d'une famille du Vermont,
passée dans l'Etat voisin de New-York. Ce personnage est jugé différemment :
illuminé ou prophète visionnaire. Une succession d'apparitions dans cet Etat,
dont d'Anges ou assimilés de près ou de loin, la première dans ce qui se
conserve (pieusement ?) le Bosquet Sacré (là en présence du Père et du
Fils, Dieu et Jésus-Christ), lui apportèrent des révélations, en particulier de
trouver sous une colline (celle du tertre de Cumorah, aujourd'hui bien entretenu) des Saintes Ecritures sur plaques et
en égyptien ancien, qu'il a traduit à partir de 1827 dès son installation à
Harmony (!), Pennsylvanie. Grâce à un artefact donné par son contactant, en
concurrençant (on ne sait si c’est en bien) le français Champollion,
déchiffreur des hiéroglyphes, il a poursuivi ce genre d’activités avec des amis, sur d’autres textes de langues
anciennes. Tout fut restitué au médiateur, l’ange Moroni. La première partie de
la future bible mormone fut publiée à Palmyra (!), dans l’Etat de New-York. Pour
résumer à très gros traits, et en conformité avec des théories à la mode, ces
textes prétendent que de 600 av. J.-C. à 420 ap. J.C., une civilisation méditerranéenne
colonisatrice, proche du judaïsme, aurait prospéré en Amérique du Nord,
s’établissant en deux vagues après les déprédations au Proche-Orient ancien des
conquérants assyriens (le roi Salmanazar vers 720 av. J.-C., un Salomon) puis néo
babyloniens (le roi Nabuchodonosor vers 600 av. J.-C.). Ses composantes
Nephites et Lamanites se seraient finalement détruites, des amérindiens
étant les descendants des seconds, seuls survivants; on parle aussi d’un
troisième groupe, les Jarédites.