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samedi 12 mai 2012


Un candidat républicain aux élections américaines de 2012 de religion mormone, qu'en penser?
Marc André Dubois

L'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours appelée secte des Mormons (dénomination de crainte de fin du monde), s'insère dans les mouvements millénaristes ou sociaux du dix-neuvième siècle, européens, américains, amérindiens. Le chaman algonquin anticolonialiste Tecumseh (1768-1813), shawnee de l'Ohio, mort en 1813 en combattant les Etats-Unis naissants, nous l'illustre.

 Un paradoxe éclaire ceci : avant de migrer dès 1847 vers l'ouest et les Rocheuses, en charrettes à bras et chariots, en passant le Missouri gelé vers leur future cité sainte de Salt-Lake City, Utah, ces sectaires ont résidé, dès 1840, à Nauvoo, Illinois. En 1849 leur succéderont, après l’incendie en 1848, par hostilité locale du temple mormon  dans ce site du bassin du Mississipi, les émigrants présocialistes français (fouriéristes ou saint-simoniens) de l'utopiste écrivain hexagonal Etienne Cabet, pour créer le second essai aux USA de vie de groupe communisant dit (!) d'Icarie (du nom du héros antique volant ). Cette tentative européenne durera un peu là et s'étiolera ensuite dans d'autre sites. Elle inspirera d'autres modèles socialistes utopiques dont les milieux libres et communautaires libertaires français avant ceux des hippies (où je ne peux m'empêcher de trouver des traits amérindiens), ou des communautés dites intentionnelles au Québec (éco quartier, éco habitat, coopérative d'habitation, cohabitât, commune rurale, communautés religieuses modernes). Elle avait suivi d'autres tentatives identiques en Europe (les phalanstères ouvriers et usines modèles, un exemple ultérieur existant encore en musée à Guise en France). Moralité, la religion représente ainsi plus de force que les idéologies, en bien ou en mal.

  Cette nouvelle secte de tendance chrétienne, sans y être incluse,  fut fondée par Joseph Smith (1805-1844), américain d’origine anglaise, issu d'une famille du Vermont, passée dans l'Etat voisin de New-York. Ce personnage est jugé différemment : illuminé ou prophète visionnaire. Une succession d'apparitions dans cet Etat, dont d'Anges ou assimilés de près ou de loin, la première dans ce qui se conserve (pieusement ?) le Bosquet Sacré (là en présence du Père et du Fils, Dieu et Jésus-Christ), lui apportèrent des révélations, en particulier de trouver sous une colline (celle du tertre de Cumorah, aujourd'hui bien  entretenu) des Saintes Ecritures sur plaques et en égyptien ancien, qu'il a traduit à partir de 1827 dès son installation à Harmony (!), Pennsylvanie. Grâce à un artefact donné par son contactant, en concurrençant (on ne sait si c’est en bien) le français Champollion, déchiffreur des hiéroglyphes, il a poursuivi ce genre d’activités  avec des amis, sur d’autres textes de langues anciennes. Tout fut restitué au médiateur, l’ange Moroni. La première partie de la future bible mormone fut publiée à Palmyra (!), dans l’Etat de New-York. Pour résumer à très gros traits, et en conformité avec des théories à la mode, ces textes prétendent que de 600 av. J.-C. à 420 ap. J.C., une civilisation méditerranéenne colonisatrice, proche du judaïsme, aurait prospéré en Amérique du Nord, s’établissant en deux vagues après les déprédations au Proche-Orient ancien des conquérants assyriens (le roi Salmanazar vers 720 av. J.-C., un Salomon) puis néo babyloniens (le roi Nabuchodonosor vers 600 av. J.-C.). Ses composantes Nephites et Lamanites se seraient finalement détruites, des amérindiens étant les descendants des seconds, seuls survivants; on parle aussi d’un troisième groupe, les Jarédites.


 Pour le moins, la famille Smith avait la réputation de chercheurs de trésors (activité alors à la mode), et le jeune Smith passait pour le visionnaire du groupe dans cette quête, puis fut considéré comme un agitateur local dès 1826. Il réussit à établir à Fayette (!), Etat de New-York,  dès 1830, en suivant les lois américaines à ce sujet,  la théologie de sa nouvelle religion millénariste, en attente du monde meilleur en conjonction avec le retour de Jésus-Christ sur Terre.

  Les premiers sectaires furent peu tolérés dans leurs établissements d'origine: pour résumer, en suivant le cheminement du prophète Kirtland  (ou Camp de Sion ( !)), Ohio, dès 1830, et d'autres dans le Missouri. Ainsi Independence (!) en 1831 (!) où fut publiée un  livre de Révélations brûlé par des émeutiers, et dont les rares exemplaires survivants semblent depuis demeurés secrets. On note Far West (!) en 1838 (!) après un crack bancaire à Kirtland, puis de   1839 à 1846 Commerce (!) rebaptisé Nauvoo, Illinois, en 1840. Le prophète en était devenu le maire, le juge, le chef d’une légion armée intégrée à l’Etat de l’Illinois, tout en commerçant. Ils furent missionnaires très tôt auprès d’amérindiens dont les Shawnees. Un parti anti-mormon s'était constitué, sans doute face à la libido des adeptes. Il s'en suivit en 1838 de petits pogroms (comme celui de Haun's Mill, dans le Missouri où la population était fort hostile, avec un gouverneur y lançant une loi d’extermination), le passage en cour martiale du prophète  emprisonné à Richmond puis Liberty (!) d’où il s’enfuit, lors d’un transfert,  sur le chemin de Columbia (!), Missouri,  pour Far West (!), Illinois, et enfin dix ans plus tard le lynchage du prophète et de son frère aîné dans une prison de Carthage (!), petite ville de et sur l'Illinois, affluent du Mississippi. Ils y avaient été enfermés pour avoir détruit la presse d'un journal opposant, néanmoins issu d'une dissidence des premiers sectaires.

 Le successeur de Joseph Smith, Brigham Young (1801-1877), dont les origines se remarquent moins précisément (peut-être plus amérindiennes ?),  le conduisit donc vers l'Ouest, où se situe aujourd'hui le Grand Temple dans la Vallée du Lac Salé, un Grand bassin vers lequel les frères Smith avaient tenté de fuir avant de se rendre aux autorités, et de disparaître (pour le prophète approximativement  à l’âge du Christ).  Ceci accompagnait les colonnes américaines qui s’emparaient alors de la Californie et autres territoires  sur le Mexique, avec lequel les USA étaient en guerre depuis 1846. Les migrants passèrent un temps dans une ville mise pour eux à disposition par l’armée (!), par  un futur major général américain, Kane, donc dite Kanesville en 1848, renommée dès 1851 Council (!) Bluffs, Iowa. Une troupe armée de mormons alla occuper des villes de Californie ou des sectaires les avaient précédés par mer; certains de leurs démobilisés furent acteurs des premières découvertes d’or (!) là, expertisée par le futur général Sherman. Celui-ci fut après un temps banquier en Californie, pour un établissement de Saint-Louis, Missouri. Il considérait alors que gérer un lopin de terre marécageux à San Francisco était plus difficile que détruire la Cité utopique (et communisante) du Soleil avec une armée de cent mille hommes. Ces mormons trouveurs d’or  rallièrent leurs coreligionnaires des montagnes sans rien toucher.

Young dirigea dès 1847, pendant plus de dix ans, comme président et prophète de la secte (avec douze apôtres)  et gouverneur  dès 1849 d’un état indépendant au milieu des  Rocheuses, le Deseret renommé le « grand » Utah. Notons la bonne entente des mormons et des tribus locales, mais également les graves accusations (criminelles) d’un juge au départ de sa fonction dans le secteur. Il semblerait que ce soit Young plus que Smith qui ait inspiré ou généralisé ce qui a particularisé les mormons: la polygamie (élitiste  sous Smith, pour la caste supérieure au nom futurologue des prêtres de Melchisédech) aujourd'hui abandonnée, un préjugé sur les gens de couleur, disparu lui aussi, et le sexisme, les prêtres étant masculins.

 D’autres persistent, dont celui sur les homosexuels. Au moins Young a créé une organisation hiérarchisée très originale et forte. Après un mini conflit dès 1857 avec les Etats-Unis (marqué par un massacre d'une colonne de migrants non mormons passant sur leur territoire, ce qui montre que les persécutés deviennent vite persécuteurs), ils intégreront  alors les USA  par pression d’une force armée pacifique en 1858, en restreignant  leur théocratie  cachée à l’actuelle Utah, version restreinte de leur territoire initial. Tout ceci peut s’intégrer sans doute à la politique américaine dans les Grandes Plaines appliquée sous la présidence du général Grant  (1869-1877) par un généralissime (Chleff of staff) indépendant du Congrès US, ce William Tecumseh (!) Sherman (1820-1891), dit Cump en famille, qui siégea son état-major à Saint-Louis, Missouri, en potentat indépendant de 1874 à 1876. Il avait fait brûler des villes confédérées sudistes comme Atlanta, Géorgie, et Columbia, Caroline du Nord, par ses soldats Yankees de la Guerre de Sécession, au même titre que d’autres généraux Richmond, la capitale confédérée. Il appartenait au fort clan politique Baldwin, comme les deux Adams, second et sixième présidents des Etats-Unis, ou un vice-président de 1908, James Schoolcraft  Sherman. Il fondera en 1881, plus au nord, le Saint-Cyr US à Fort Leavenworth, Kansas (où sont passés Eisenhower, Bradley, Patton, et la mère d’Obama).

Comment, en européen, qualifier ce dictateur militaire américain peu connu ?  Quant aux sectaires mormons ils  dominent en Utah l'éducation (par une université), la politique et le commerce, et dans ce dernier cas d'une manière très libérale et entreprenante. Ils se veulent la religion de l’avenir aux Etats-Unis, et conquérir maintenant le pays. Ils s’occupent beaucoup d’archives généalogiques, sinon de fichage, mais également d’entraides, par une Société de Secours et des boutiques bon marché. En ce qui concerne les derniers jours du monde, s’ils sont cycliques, certaines tribus amérindiennes US prétendent que leurs ancêtres ont eu alors la chance étonnante de s’en sortir, par des voies surprenantes, que je censure. Mais pour les mormons, leur histoire démontre une succession de toponymes qui dénoncent une manipulation d’Etat: les orientalistes Palmyra et Carthage, sinon Harmony, (La?) Fayette, Independence, Commerce, Icarie, Richmond, Liberty, Columbia, Far West, Council Bluffs sinon le Grand Lac Salé correspondant à la Mer Morte (et salée) de Palestine. Je ne suis pas assez spécialisé dans ce domaine  pour remarquer qui dirigeait en sous-main  le prophète Joseph Smith.

À suivre (critiques fortes et hypothèses faibles sur les mormons)

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