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vendredi 18 mai 2012


Politique Fiction




Par Francis Berre




Nous sommes le 5 août 2012,  au soir du 2ème tour des présidentielles et Marine Le Pen vient d’être élue Présidente de la République. Elle est la Première femme élue à ce poste et la Première femme dans l’Histoire de France à diriger ce pays, monarchie incluse.
Mais que s’est-il passé en l’espace de quelques semaines ? Retour sur une série d’évènements qui a entraîné l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir.

La cause directe est bien évidemment la démission de François Hollande au lendemain du 2ème tour des élections législatives le 18 juin. En effet l’UMP qui s’est alliée avec le Front National a  pu garder la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Le Président socialiste s’est refusé à nommer un Premier Ministre de droite et a décidé de partir. Cela a été un véritable coup de tonnerre dans le ciel politique français. Jamais dans l’Histoire de la Vème république le parti d’un président fraichement élu n’a été battu aux élections législatives.
Vexé par un tel résultat et en digne héritier de Lionel Jospin, François Hollande n’a pas souhaité se représenter à l’élection présidentielle et a quitté définitivement la politique.
Jean-Pierre Bel, Président du Sénat, est devenu Président par intérim et a fixé les deux tours de l’élection présidentielle au 22 juillet et 5 août.

A droite, un éventuel retour de Nicolas Sarkozy était impossible. En effet, le juge Jean Michel Gentil n’avait pas hésité à le mettre en examen le lendemain de la fin de son immunité, le 15 juin dernier, pour le financement illégal de sa campagne de 2007. Trois jours plus tard l’ancien chef de l’État  était placé en détention provisoire. Il est toujours incarcéré à la maison d’arrêt de Gradignan près de Bordeaux. La date d’un éventuel procès n’a toujours pas été fixée.

Comment François Hollande a-t-il pu ruiner en un mois et demi le capital qu’il a acquis grâce à son élection ? Pourquoi la droite a-t-elle été éliminée dès le premier tour de la deuxième  présidentielle ?

Tout d’abord l’affaire Ayrault. L’ancien premier ministre Jean-Marc Ayrault est toujours empêtré dans des affaires de corruption liées au projet de construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes à 30 kilomètres au nord de Nantes. Les révélations du Canard Enchainé lui ont été fatales. Le journal satirique a en effet affirmé qu’il aurait bénéficié de près de 200 000 euros de pots-de-vin de différentes sociétés de BTP, ainsi que de 3 voyages tous frais payés pour lui et sa famille aux Maldives. Ironie de l’histoire, ils avaient notamment séjourné dans un hôtel 5 étoiles appelés le « Caviar Tropical ». La droite et surtout l’extrême droite s’étaient alors emparées de l’affaire pour dénoncer une élite corrompue et éloignée des problèmes des français. Le candidat socialiste qui avait promis une autre gestion par rapport à son prédécesseur  n’a pu que constater les dégâts que cette affaire a créés au sein de l’opinion.



Deuxièmement il n’a pas pu tenir sa promesse d’encadrer les prix de l’essence. Suite au bombardement par Israël des sites nucléaires iraniens, la République islamiste a vivement réagi. Elle a tout d’abord décidé de fermer le canal d’Ormuz où passe 40% du trafic maritime pétrolier mondial puis elle a décrété la mobilisation générale. Elle prévoit dans un avenir proche de répliquer, voire de déclarer la guerre à l’Etat Hébreu. Certains parlent de la     « Première guerre Mondiale » du Moyen-Orient.

Le bruit des bottes dans cette région hautement sensible ne fait qu’entrainer la hausse des cours du brut. Aujourd’hui le litre d’essence est à 5,75 euros contre 1,80 en mai 2012. L’Etat français ne pouvait encadrer de telles hausses des prix.

Le 3ème facteur qui a entraîné la chute de la Gauche française est bien évidemment l’effondrement de l’Euro.

La nouvelle cure d’austérité imposée à Athènes par Angela Merkel avec le consentement de François Hollande a entraîné des grèves et des manifestations d’une ampleur insoupçonnée. La fin de la démocratie grecque était prévisible. Au prétexte de rétablir l’ordre, l’armée grecque s’est alors emparée du pouvoir. Les généraux (on se rappelle des « Colonels ») ont alors décidé de sortir la république hellène de la zone euro et d’interdire les partis politiques ainsi que les syndicats. La Grèce a imité l’Islande et refuse désormais de rembourser ses dettes au motif que le peuple grec ne peut être tenu pour responsable de la  gestion hasardeuse de ses anciens hommes politiques, qualifiés par les militaires de véreux et d’incompétents. L’Espagne et le Portugal ont suivi, et eux aussi ont décidé de quitter la zone euro. Les bourses de Paris et de Francfort se sont alors effondrées, c’est le crash boursier du 5 juin 2012. On se souviendra de ce mardi noir comme du crash de 1929.

L’Europe est alors entrée en dépression. Les plans sociaux se sont multipliés. Avec des prix à la pompe à presque 6 euros le litre, la voiture est devenue un luxe. Les commandes se sont effondrées. PSA et Renault n’ont pas eu d’autres choix que de fermer toutes leurs usines de France. Toyota a également fermé son usine à Valenciennes. Les conséquences ont été désastreuses en termes d’emplois dans toute l’économie. Selon l’avis de tous les experts la situation devrait encore se dégrader avant toute amélioration.

Les résultats des élections législatives n’ont donc pas été une grande surprise. L’UMP et le Nouveau Centre ont  obtenu 270 sièges et le Front National ou Rassemblement Bleu Marine 107 sièges. La gauche a perdu des sièges symboliques comme celui d’Hénin-Beaumont au profit du FN.

Nicolas Sarkozy croupissant en prison, Jean François Copé battu par une députée FN, c’est François Fillon qui a été désigné comme candidat de l’UMP. Mais au soir du 1er tour Marine Le Pen obtenait 27% des voix contre 23 à Martine Aubry et 19% à François Fillon. Ce dernier a refusé d’appeler à voter Martine Aubry mais a affirmé qu’à titre personnel il voterait contre Marine Le Pen. Cette dernière a été élue présidente avec 50,1% des voix, avec un taux d’abstention au deuxième tour de 48%.


Si les Mayas ont prévu la fin du monde en 2012, les journalistes, les sondeurs, les politiques de droite comme de gauche n’ont pu prévoir la démission de François Hollande et encore moins l’élection de Marine Le Pen.

L’affaire Ayrault et l’emprisonnement de Nicolas Sarkozy ont entrainé un discrédit sans commune mesure sur une classe politique à laquelle bon nombre de citoyens avaient cessé de croire depuis bien longtemps. La crise économique et la guerre au Moyen-Orient n’ont fait qu’enfoncer les derniers clous du cercueil de la Vème République.

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