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lundi 6 février 2012

Les carnets de campagne de Francis Berre








Les 60 propositions du PS



François Hollande a annoncé jeudi 26 janvier, 60 propositions dans le cadre de son programme, à la Maison des métallos dans le XIème  arrondissement à Paris. Elles concernent principalement la fiscalité, l’emploi, l’immigration, la justice, la sécurité, l’énergie et l’environnement, la santé, le logement ou encore les institutions.


En conférence de presse, il a d’abord présenté son projet puis a répondu aux questions des journalistes présents. Le candidat du Parti socialiste entendait ainsi répondre à ses détracteurs sur l’absence d’un programme clair et d’engagements vis-à-vis des français.



Cependant, la méthode qui consiste à donner en une seule fois  un programme qui concerne des domaines différents les uns des autres est-elle la meilleure ?





En effet, les candidats devraient proposer, dans l’intervalle qui nous sépare de l’élection, un agenda précis pour nous parler  des sujets de leur programme, et faire des propositions devant des journalistes spécialisés et/ou des électeurs potentiels, en répondant aux questions. Les américains le font, quand les candidats des deux camps ont été désignés. 60 propositions, c’est très long car les médias doivent couvrir une actualité riche.  Aussi, on ne peut qu’applaudir l’initiative de France Nature Environnement qui a organisé un grand oral des candidats sur leur traitement de la question de l’environnement. Nous sommes dans un monde où tout va très vite, dans ce que le sociologue Dominique Wolton appelle la culture de l’instant. Afin que les électeurs puissent faire des choix éclairés, les programmes doivent être disséqués et débattus domaine par domaine.


De cette journée du 26 janvier, on retiendra surtout que le candidat a proposé 60 mesures mais pas forcément ce qu’il entend faire dans tel ou tel domaine. Il a suffi que le Président annonce qu’il allait intervenir dimanche soir sur 8 chaînes de télévision pour passer à autre chose. Va-t-il se déclarer candidat ? Peut-il monopoliser la parole pendant plus d’une heure ? Les propositions de François Hollande étaient déjà presque oubliées.

Dans l’émission des Paroles et des Actes, France 2 a choisi tout d’abord de s’intéresser à la forme notamment, en insistant sur le régime alimentaire qu’a fait le candidat Hollande,  et sur son humour, illustré par des images d’archive.


Tout au long du débat, François Hollande a beaucoup insisté sur le « style » pour gouverner, opposant sa personnalité dite  « normale » à des comportements anormaux.  Qui est chargé de définir « la norme » ? Il aurait été intéressant qu’il précise les comportements anormaux  auxquels il faisait allusion.


La deuxième partie de l’émission portait essentiellement sur l’économie. Le candidat veut créer une tranche supplémentaire d’impôt à 45 % pour les revenus de plus de 150 000 euros. François Hollande entend aussi créer -s’il est élu Président- 150 000 emplois pour l’insertion des jeunes.


Puis il a débattu avec Alain Juppé pendant plus de 20 minutes, ce dernier l’accusant d’arrogance. François Hollande lui a rétorqué qu’en matière d’arrogance, l’ancien Premier ministre n’était pas à l’abri d’éventuelles rechutes…

Alain Juppé a reproché à François Hollande son manque de lucidité. Il a défendu le bilan du gouvernement  et même le sien quand lui-même était Premier Ministre, ce qui l’a mis quelque peu en difficulté car tout le monde se souvient de la dissolution de l’Assemblée Nationale en 1997,  et la sanction qu’avaient alors infligé les électeurs au gouvernement d’alors, en provoquant une cohabitation.


C’est sur la fin de l’échange que FH s’est montré encore plus pugnace en disant que ce n’est pas parce que Nicolas Sarkozy n’avait pas obtenu plus pour la France dans les récents accords européens qu’il allait s’en contenter, mais au contraire n’hésiterait pas à renégocier certains éléments, dans l’intérêt du pays.


Au terme de l’émission, François Hollande a abordé certaines problématiques propres à la banlieue et notamment le contrôle au faciès par la police. Il a déclaré qu’il allait mettre en place une procédure permettant d’éviter ce contrôle Pourtant, la loi française interdit déjà ce type de contrôle (article 1er de la Constitution française qui dispose que la République assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion, et l’article 78-2 du code de procédure pénale qui encadre strictement  le contrôle d’identité  et les excès sur le terrain, dénoncés par un rapport de Human Rights Watch : http://www.hrw.org/fr/node/104721). Mais il est malheureusement pratiqué de manière quotidienne.

François Hollande n’a pourtant pas été précis sur ce qu’il compte faire exactement pour faire
respecter la loi. Quelle méthode va-t-il employer pour y remédier. Il a tout intérêt à préciser ses paroles s’il intervient à nouveau sur ce sujet. Ne serait-t-il pas judicieux d’interdire tout simplement le contrôle d’identité pour tout individu tant qu’il  n’a pas commis d’infraction à la loi, comme c’est le cas dans bien de    démocraties libérales comme le Royaume-Uni ou la Suède ?

Sur l’emploi, le candidat socialiste a dit qu’il allait inciter les entreprises à faire des efforts pour recruter dans la diversité, sans préciser comment il allait faire. François Hollande manquerait- il de précision ?


Pour finir, remarquons que certaines de ses propositions sont déjà appliquées ou mises en place. Un exemple : dans son programme, le candidat PS propose la création d’une banque publique d’investissement pour aider notamment les PME. Un bémol : il existe déjà  la Caisse des Dépôts et Consignations, qui est une institution financière publique dont l’une des missions prioritaires est justement l’aide aux PME. S’agirait-il d’un effet d’annonces ?


Des Paroles et des Actes a fait une audience plus qu’honorable pour une émission politique  avec 5,4 millions de téléspectateurs.

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