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mercredi 25 avril 2012

CARNETS SUR L’EDUCATION NATIONALE :
Marc André DUBOIS


RECRUTEMENT DES ENSEIGNANTS

Les enseignants du secondaire se recrutent par deux concours, aujourd’hui à baccalauréat plus cinq, après un Master.
 Le plus nombreux amène à enseigner au Collège et au Lycée des Certifiés titulaires dès leur succès, d’un C.A.P.E.S. (Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement Secondaire), où d’un Certificat de dénomination voisine (dans les secteurs techniques des Lycées, le mal nommé C.A.P.E.T. pour Professorat de l’Enseignement Technique ; ou professionnels des Lycées attenants, le C.A.P.L.P., Professorat des Lycées Professionnels). L’enseignement agricole propose les trois mêmes dispositions, et des sigles terminés par un A. Parfois, certains de ceux-ci sont détachés à l’université. D’autres travaillent, en plus du secondaire, dans le primaire (comme en Anglais).

Le moins nombreux, difficile, prestigieux, reste celui des Agrégés. Ils représentent plus les professeurs de Lycées, souvent des classes préparatoires aux écoles d’ingénieurs, de commerce ou autres. Ils peuvent se voir détachés dans l’enseignement supérieur (universités, écoles). Certains ont vocation   à enseigner pratiquement, et exclusivement à l’université (en Droit, Economie, Sciences Politiques). Cette prérogative inégalitaire et ancienne,  vis-à-vis de leurs collègues, qui restent pendant leur carrière au Collège puis au Lycée, ne dérange nullement le Conseil d’Etat, Juge de l’Administration et Conseiller des Gouvernements.  Cette catégorie des agrégés, dans leur ensemble,  n’a aucun équivalent européen. Mais elle ne disparaîtra sans doute pas car les classes préparatoires, spécifiquement françaises, ont besoin d’eux. Elle pourrait se voir menacée par une mise aux normes de l’Union Européenne de notre Education nationale (elle n’existe pas ailleurs et s’y note peu reconnue). D’assez nombreux agrégés soutiennent un Doctorat après leur succès au concours. Se déroule alors pour eux une carrière exclusivement universitaire  (leurs collègues de Droit, Economie, Sciences Politiques peuvent l’accomplir sans thèse et par équivalence, certains ne se privant pas d’entreprendre en plus ce diplôme).

Nous éviterons des considérations éthiques différenciant ces deux échelons. Hormis cela, la qualité moyenne des agrégés se révèle intéressante dans de nombreuses matières. Ils sembleraient donc nécessaires, non seulement aux classes où on est admis sur sélection après le baccalauréat, pour préparer des concours deux ans (parfois un an) plus tard, mais également pour maintenir un niveau à l’université. Nous n’aborderons pas le problème de la partie des Agrégés qui réussissent les épreuves en passant par les écoles normales supérieures, vis-à-vis de l’autre qui n’a suivi que l’université.
 
 
Ces concours se divisent également, pour garder le modèle le plus présent lorsque les époques se succèdent, en ceux dits externes, pour étudiants des universités, et internes, pour fonctionnaires et assimilés (dans ce dernier cas selon des règlements complexes). Les seconds  sont considérés comme plus faciles, en comptant moins d’épreuves écrites et orales que les premiers,  car s’adressant à des personnels à horaires de travail hebdomadaire lourd. Souvent, ils concernent la promotion de professeurs des  Ecoles Primaires en Certifiés de Collège (parfois Agrégés), et de Certifiés en Agrégés. Les étudiants se consacrent un an à plein temps à préparer les épreuves attenantes, en grande majorité  munis d’une bourse ou épaulés par leurs familles. Ces concours se notent peu accessibles aux jeunes gens qui travaillent comme salariés pendant leurs études.

Notons que le dixième des étudiants admis préfère enseigner dans les écoles privées liées à l’Etat par contrat. Leur option au C.A.P.E.S. se dénomme C.A.F.E.P., Aptitude à la Formation dans l’Enseignement Privé, en soutenant les mêmes épreuves que ceux à vocation de service public ; ils n’ont coché qu’une affectation dans leur dossier. Le nom sera difficilement meilleur: un éventuel certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement secondaire privé, d’acronyme c.a.p.e.s.p. sonne proche du concours spécifique des professeurs de Sport, le C.A.P.E.P.S., Certificat d’Aptitude au Professorat d’Education Physique et Sportive, et amènerait des confusions irrécupérables dans les dossiers d’inscription aux concours ; d’où ce sigle peu adéquat de C.A.F.E.P.

Remarquons l’existence d’un autre concours offert aux contractuels, dits suppléants, du secteur privé confessionnel (non affectés par l’Etat dans ce secteur comme les précédents, mais recrutés par les Collèges et Lycées privés de ce type), très souvent assez semblables aux concours internes dans le déroulement, en passant devant les mêmes correcteurs des mêmes jurys. Il se dénomme anachroniquement C.A.E.R., Concours d’Accès à l’Echelle des Rémunérations. Ceux qui le réussissent obtiennent une grille de salaires, comme des échelons, calqués sur le service public. Ce concours semble un geste pour quelques cas, mais avec une appellation péjorative. D’autres filières de recrutement ont existé auparavant.

En résumé, pour cent certifiés par filière externe (étudiante) recrutés par an dans une matière et montrant une vocation de servir dans le public, on aura dix CAFEP se destinant au secteur privé, dix certifiés par filière interne (fonctionnaires et assimilés), un peu moins de CAER (contractuels du privé reconnus par l’Etat). Certains concours offrent de l’ordre de 1000 places par an pour les étudiants, certains un seul (alors les CAFEP ou CAER attenants n’existent pas toujours, ou peu, apparaissant certaines années en cas de besoin).  Il n’est pas obligé qu’à une Agrégation corresponde un Capes, et réciproquement ; dans le cas où cela existe, le nombre d’agrégés est bien moindre que celui des « capésiens », de l’ordre grosso modo du quart.

Les épreuves se divisent en deux phases : les écrits qui classent les postulants en éliminés et admissibles, les oraux qui choisissent les admis définitifs et dressent parfois des listes complémentaires. On puise ainsi  dans ces dernières : certains passent la même année l’agrégation et le capes, réussissent au premier et se désistent du second, d’autres suivent des conjoints à l’étranger, ou vont travailler dans le privé non-enseignant, cédant alors leurs places à des suivants de la liste complémentaire. Elle sert aussi à recruter des remplaçants.

Deux idéologies s’affrontent : celle qui privilégie les concours, et un grand nombre de postes par filière, et celle qui en souhaite moins et préfère recruter de nombreux précaires, finalement titularisés ou non. Pour le moins, quel que soit le gouvernement, tout ceci semble bien compliqué. On a en plus laissé de côté les recrutés pour les filières techniques, professionnelles et agricoles.

Ne nous laissons pas impressionner par cet exemple caricatural de l’administration hexagonale, et essayons de poursuivre ces carnets.

A suivre… (Les professeurs de Sport)

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