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jeudi 12 janvier 2012

La banlieue, poubelle ou réservoir de talents ?

Justine Le Cor

La banlieue, je n'y suis pas née, et je ne sais pas si je m'y suis retrouvée par un ascenseur social qui s'est trompé de sens ou simplement par mes affinités et intérêts naturels.


Intérêt naturel, parce que selon moi c'est souvent ici qu'on voit et qu'on vit les conséquences des lois qui sont votées plus en haut ; Surtout dans la politique de ces dernières années : dégradation de la sécurité sociale et des prestations sociales en général, dégradation du système éducatif français, pointage du doigt des minorités, inégalités de développement, (social mais aussi urbain), exacerbation des tensions sociales, explosion du chômage, creusement des inégalités. Autant de faits que l'on impute à la fameuse crise, ou simplement à une certaine partie de la population par une stigmatisation menée comme un parfait exercice de communication depuis une décennie.


C'est vrai que la crise économique a sa part de responsabilité, mais pas dans le sens suggéré par les médias, voire par la classe politique. Ici les conséquences de la crise sont les plus visibles parce que, comme toutes les précédentes dans l'histoire, elle se répercute en premier lieu sur les milieux les plus défavorisés.


La banlieue est également, à mon sens, l'illustration de ce comportement symptomatique de la France qui consiste à avoir peur de son ombre, et à laisser de côté ses talents. Pourquoi des responsables municipaux du 93 se sont-ils  récemment tournés vers le Qatar pour financer leurs jeunes entrepreneurs ? Est-ce que personne en France ne fait confiance aux jeunes issus de ce milieu ? Pourquoi le Qatar en quelques jours accepte-t-il d'allouer une somme très importante ? Personne en France n'est-il capable d'en faire de même ? De faire confiance à ces jeunes-là ?




Les talents que l'on trouve ici sont un véritable trésor. Un exceptionnel mélange d'expériences de vie, de mixité culturelle, d'envie de travailler, de "s'en sortir" : c'est une force. Et il est plus que temps que la France en prenne conscience. La fuite des cerveaux, sujet très à la mode ne se fait pas que dans les grandes écoles. Madame la France, vous perdez une part de vos atouts en ayant peur de ces jeunes-là, en les laissant sur le carreau. Vous engendrez mal être et insécurité. D'où vient l'insécurité ? D’une "bande de voyous" ou d'un profond mal être de cette même "bande de voyou" ?

Que faire quand on n’a pas accès à un travail à cause d'une adresse ou d'une photo sur un CV, quand on a accès à des écoles mal en point, que les Zones d'éducation prioritaires n'ont même pas les moyens de fonctionner correctement, quand on est obligé de se tourner vers le Qatar ? On ne peut qu'être déçu, on ne peut que se sentir rejeté, on ne peut que se rendre compte que l'égalité des chances est une belle blague.

Et qu'est-ce qui se passe quand on n’a pas de travail, pas les moyens de se soigner, pas les moyens d'offrir une éducation décente à ses enfants et donc pas de perspective d'avenir ?

Les mêmes qui prétendent combattre l'insécurité l'engendre, toutes les études le prouvent, c'est le mal être des populations qui pousse à la violence.

Je veux voir le monde d'ici, je veux voir la France d'ici et faire parler cette France-là, parce que les banlieues ne sont pas les poubelles de notre république, mais au contraire l'illustration de là ou cette même république à échouée.


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