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samedi 21 janvier 2012


Ma banlieue du monde
Félicia

Je suis originaire de Paris et dionysienne depuis 1999.  A mon arrivée, j’ai vu l’espace, la verdure et le ciel. Puis j’ai vu la diversité des origines présentes. Enfin, j’ai entendu le langage, une façon de s’exprimer, un vocabulaire nouveau à apprendre et de nouvelles expressions.

Au début le contact était assez agressif, mais après une période d’adaptation, j’ai compris qu’il s’agissait davantage d’une façon de parler, d’une attitude, même si une certaine tension pouvait exister.

J’ai été marquée  dans ma cité par l’absence totale de conscience et de respect de l’espace commun. Certains  jetaient leurs détritus de leurs fenêtres, crachaient dans l’ascenseur, les escaliers, la rue. Les hommes –chiens, à la vue d’un poteau ne pouvaient s’empêcher d’uriner, école ou pas à proximité. Les papiers traînaient par terre, les bouteilles d’alcool jonchaient les espaces verts et les coupables se justifiaient  par le fait qu’ils payaient leurs impôts.

 Au bout de 12 ans, je pense que les choses ont empiré même si je suis acceptée comme habitante.

 Le contact avec mes voisins s’est fait doucement, et  je peux dire malgré tout  que je fais partie d’un village, sentiment nouveau car plus habitué à l’anonymat de la vie parisienne.

 Venir en banlieue a été pour moi comme aller dans un autre pays, et m’a obligé à changer mon regard et à m’adapter à un environnement qui m’était étranger.

 Edward Hall dans son livre « la dimension cachée » parle de cette perception de l’espace et du temps propre à chacun selon son origine, sa culture, son environnement,  et c’est vrai aussi bien dans la banlieue que plus globalement dans le monde. En quelque sorte la banlieue est pour moi le monde en concentré.

C’est en m’investissant par des gestes simples de la vie quotidienne  pour améliorer ce qui me dérangeait que j’ai pu alors m’y sentir comme  chez moi.


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